Mercredi 25 avril 1962, un Boeing 707 de la SABENA atterrit à Léo.
Victor est de retour au Congo après un séjour obligé de 11 mois en Belgique.
Pour mémoire: séjour obligé suite aux troubles provoqués par la mort de LUMUMBA en janvier 1961.
Deux jours après son arrivé à Léopoldville, il atterrit à Luluabourg le 27 avril 1962.
Le vendredi 4 mai 1962 Victor est à Lodja et adresse une lettre à Marie-Louise restée en Belgique avec les 3 enfants.
La lettre est accompagnée d’une annexe qui est la retranscription de la page 4 d’un rapport de 8 pages rédigé par les représentants ANAMONGO du district du Nord Sankuru.
Ce rapport de 8 pages est adressé aux autorités compétentes à Léopoldville.
La page 4 du rapport est intitulée Cannibalisme.
Celle-ci détaille les crimes commis par OMONOMBE et ses complices à Lodja.
Qui est OMONOMBE ?
Dans sa biographie le Père Passioniste Henri MAES mentionne brièvement Jacques OMONOMBE qu’il qualifie de ‘adjudant impénitent de Lumumba’ et de ‘cannibale notoire’.
Le père Henri MAES, également connu sous le nom de Pater Koen, était en 1962 professeur au collège Esemula à Lodja et précise qu’OMONOMBE était bien avant l’indépendance un ancien élève du Père Tarcies.
En 1960, Jacques OMONOMBE avait déjà fait ses tristes preuves !
Quand en août 1960, Albert KALONJI proclame la sécession du Sud-Kasaï, le premier ministre Patrice LUMUMBA ordonne une offensive contre Bakwanga.
L’opération coûtera la vie à des milliers d’hommes, femmes et enfants. Un massacre envers les Balubas qui sera qualifié de tentative de génocide par le Secrétaire général des Nations Unies.
Le 5 septembre 1960, Albert KALONJI lance lui aussi un appel dénonçant la barbarie dont font preuve les troupes de Patrice LUMUMBA au Kasai.
Le président de l’ancienne république minière du Kasai accuse de « génocide» les massacres perpétré par Jacques OMONOMBE, directeur de la sûreté à Luluabourg et proche de Patrice LUMUMBA.
Ce jeune homme de 25 ans qui a entrepris, selon ses dires, de détruire systématiquement une race tout entière, en commençant par les intellectuels et les Africains parlant le français.
Les massacres sciemment perpétrés et avoués par les hommes d’ OMONOMBE, dépassent les milliers.
Lettre de Victor – Lodja 4 mai 1962.
Ci-dessous la retranscription du Postscriptum de la lettre du 4 mai 1962
PS en annexe copie de la page 4 d’un rapport de 8 pages adressé par les ANAMONGO à Léo.
Qu’en penses-tu ?
Cela se passait chez DOYEN !
Monsieur DOYEN était en 1962 Administrateur de la COLOCOTON à Lodja.
Postscriptum de la lettre du 4 mai 1962.
Page IV – Cannibalisme
Toutes les personnes tuées, sauf la femme, on prenait soins de leur couper les deux mains qui était préparées et mangées publiquement.
Dans le frigo qui se trouvait dans sa maison, on y voyait que les mains des hommes et les chairs humaines.
A côté du moteur de sa voiture, il séchait les mains pour les manger après.
Tout le monde sait que celui qui ne veut pas manger la chair humaine, doit éviter de s’approcher et de s’attabler avec OMONOMBE.
Le cadavre qui flottait au niveau de l’eau, jeté du pont dans la rivière LUKENIE, fut ouvert et retirer les entrailles, fois et intestins étaient conservé en glacière et manger avec les AHUKA (héros) qui appréciaient beaucoup la qualité de cette viande.
Il envoya un soldat couper un morceau de la cuisse.
Le cadavre se trouvait encore aujourd’hui en aval du pont.
En guise de conclusion, nous allons parler de l’entourage et des complices des crimes exécutés par OMONOMBE.
Ceux-ci ne sont pas nombreux et ne sont attachés à lui dans le but de venger les inimitiés personnelles et pour cautionner un détournement important.
Exemple LUPALA Charles ayant détourné la caisse M.N.C.L. le fréquenta pour couvrir le vol.
OKOTO Emile, ALUA Eugene étaient les plus dangereux car ils servaient de chien de chasse.
Les deux personnes de conduite légère, avaient beaucoup d’ennemis.
Ils sont de véritables tueurs.
OMONOMBE donne des instructions qui étaient exécutées par eux.
Quant à OKITATELE, son cannibalisme dépasse la limite des hommes, c’est lui, choisissant les parties les plus appréciées, qui incitait à commettre les crimes.
Dans l’ordre des gravités nous citons :
OKOTO Emile
LUPALA Charles
OLUA Eugène
OKITUTELE
YODI Ferdinand
ONEKANDA Paul Sylvain
OMASUKU Armand
OMALANGA Daniel
KITETE François
NGULA Jules
ONIA Ancel
Ancien secrétaire du Territoire de Lodja
Ancien secrétaire MNC de Lodja
Secrétaire particulier d’OMONOMBO
Président des Ahuka (Héros)
Radio électricien-adjoint (Télégraphe)
Radio électricien-adjoint (Télégraphe)
Infirmier diplômé Lodja
Chef de groupement Nganga
Secrétaire local MNC Lodja
Président local du MNC Lodja
Adjoint de la caisse d’épargne à Lodja
Pour terminer ce rapport nous ne manquerons pas d’attirer l’attention des autorités compétentes sur le grave danger que présente OMONOMBE au Nord Sankuru.
Signé
NDJADI Athanase
Président Général des ANAMONGO
Commissaire de district
NORD SANKURU
DIUMUSUMBU Opala
Député
DJAMI Armand
Sénateur